Carnet de Voyage - Cape Epic 2007 - Partie 2

Etape 1

Le départ (comme chaque étape) est donné à  7 heures. C’est donc de nuit que nous nous rendons au départ. Le lagon de Knysna est encore endormi …  Image
Nous avons obtenu un dossard prioritaire qui nous permet de partir dans la première grille de départ. Devant moi se trouvent les stars de la discipline : Frischknecht, Brentjens, Mérida, Naf, Paulisen Sauser, Minnaar, Platt, Kessiakoff, Ritchey …
Nous longeons la baie pendant quelques kilomètres de route puis nous tournons à droite et la pente va s’élever de plus en plus. Je m’accroche à Julien pour ne pas rétrograder mais l’allure est très soutenue. Au bout d’une demi heure nous sommes dans la forêt pour une grande descente caillouteuse. Julien perd un bidon mais l’esprit vif, il en récupère rapidement un autre au sol. Nous sommes conscients que l’hydratation est la clef des courses longues distances, et un perdre un bidon est un gros handicap car il n’y a que 3 ravitaillements sur le circuit. 

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Nous ne connaissons pas notre classement mais il nous semble que nous sommes dans l’allure. Une équipe mixte nous double au bout de 50 km. Nous la gardons en point de mire.
La chaleur devient de plus en plus lourde. Les descentes rapides nous rafraîchissent, du coup nous buvons peu. Après le 3ème et dernier ravitaillement (65ème km), au menu une ascension de 14 km avec 900m de dénivelée. Les premiers kilomètres sont encaissés dans une gorge à la végétation luxuriante.
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Puis les premières pentes nous calment d’entrée : le 22 x 32 de rigueur !! Certains sont déjà à pied. Je m’accroche à Julien. Et c’est alors une grande piste qui va nous mener jusqu’au célèbre Col du Prince Alfred.  Il nous reste encore 10 km d’ascension et nous n’avons déjà plus d’eau. Je suis au ralenti, ma tête est une cocotte minute mais je n’exploserai pas !! 2 équipes mixtes nous doublent. Nous sommes bien entamés. La montée nous semble interminable, après chaque virage, on espère voir le sommet, et c’est encore un autre virage qui s’offre à nous. Lorsque nous passons le col nous croyons nous refaire la cerise à la faveur d’une descente ultra rapide. Mais la chaleur se rappelle à nous et devient insupportable car nous avons basculé dans le fameux désert Klein Karoo.


Dans une dernière ascension au milieu des cactus, l’équipe sud africaine Absa Pro mixed nous double. Je suis à l’agonie. Je sens que des crampes se préparent … La descente jusqu’ à Uniondale est assez dangereuse, mais nous sommes à l’attaque avec nos cadre_titane, et revenons à quelques secondes des Absa. 200 m avant l’arrivée mes ishios se tétanisent, Julien doit me pousser jusqu’à la ligne.
Nous sommes satisfaits de notre condition physique mais la chaleur a été un gros handicap.

Etape 2

Le départ est donné à 7h devant le Collège de Uniondale. Petit moment de stress matinal : je suis dans le parc à vélos et je cherche en vain mon VTT cadre_titane. Il ne se trouve plus à l’emplacement correspondant au n° de ma plaque. Je sais que si je ne me présente pas  avec Julien 10 min avant le départ notre équipe devra partir en dernière position. Il est 6h40 et je parcours toutes les allées du parc sans succès. Je demande avec insistance au gardien de m’aider, je crie très fort mon numéro. Le speaker rappelle qu’il ne reste que 5 min pour la mise en grille….
Puis je vois un bras se lever pour me montrer ma précieuse monture. Je suis sauvée !!
Une fois sur la ligne de départ l’incident est déjà oublié. Nous sommes concentrés sur le profil du parcours que j’ai scotché sur ma potence.
Le peloton reste groupé durant les tous premiers kilomètres sur de grandes routes. Le spectacle de l’aube sur les montagnes du Klein Karoo est saisissant. Image


Julien se positionne en tête du peloton aux côtés des « stars ». C’est aussi ça La Cape Epic : une compétition où se côtoient professionnels et amateurs dans un esprit de convivialité. Sauf que cela n’est pas du goût de Paulissen qui le prend par le maillot pour lui signaler qu’il n’a pas sa place à l’avant du peloton. Je considère ce geste comme un manque de respect. Mais c’est le reflet d’un comportement que j’ai déjà relevé chez certain(e)s champion(ne)s : comme seule la réussite sportive leur suffit, ils ne connaissent pas la politesse, la bienséance, la courtoisie, bref toutes ces qualités qui facilitent la communication.

Nous quittons le bitume et la course bat son plein : les pistes poussiéreuses déclenchent les chutes, des cassures se produisent, l’allure est très rapide et je dois rester dans les roues le plus possible. Image


Après une trentaine de kilomètres de 44 x 13 nous passons le 1er ravitaillement sans nous arrêter. Nous entrons dans la réserve naturelle de Kamanassie et les choses sérieuses commencent : 1500 m de dénivelé sur 30 km de chemins très caillouteux. Nous sommes dans l’allure. Nous restons sur nos cadre_titane même dans les montées les plus raides, ce qui nous hisse à la 4ème place. Mais la chaleur devient de plus en plus pesante. Nous n’avons plus d’eau. Et l’ascension se termine par un portage : rien de tel pour accentuer la déshydration !!

La descente est la plus longue et la plus dangereuse de l’épreuve. Nous rattrapons des coureurs à pied ou qui ont crevé, nous sommes à l’attaque : il ne peut rien nous arriver !!
Nous apercevons au loin les fanions symbolisant le « Water Point ». Nous restons lucides et grimpons avec ardeur la méchante côte avant le ravitaillement. A ce moment là, boire de l’eau fraîche devient une source de bien-être inestimable !!
Nous repartons sur de longues pistes blanches. Nous sommes revigorés mais nous sommes seuls : personne devant ni derrière ! Nous décidons de rouler à un train de sénateur. Au bout d’une quinzaine de kilomètres, l’équipe mixte nous dépasse dans une bosse à un rythme trop élevé pour nous. Plus tard c’est un wagon d’une dizaine de coureurs (dont une équipe mixte) que nous accrochons. L’allure s’intensifie et le groupe éclate dans les portions sablonneuses.

J’ai les pieds en feu, la sueur me brûle le visage, mais les encouragements de Julien font office de rafraîchissement ! Sa combativité est inaltérable !!
Nous terminons l’étape la plus longue en 6ème position. Image

Etape 3

Dès le départ je sens une contracture au genou droit mais je ne m’inquiète pas. Le profile roulant des premiers kilomètres rend la course ultra rapide. Nous sommes en file indienne avec une visibilité minimale à cause de la poussière.


Je remarque que le coureur qui me précède est peu à l’aise dans les ornières. A la faveur d’un virage serré, je fais l’effort pour passer devant lui. Nous roulons en bordure à vive allure. Je me retourne mais je ne vois pas Julien. Je l’appelle. Aucune réponse. Je me laisse décrocher. Julien n’est pas dans le groupe. Je décide de ralentir franchement puis de m’arrêter pour l’attendre. Au bout de 6 minutes Julien apparaît. Il m’avait lui-même attendu pensant que j’étais derrière !! Nous avons perdu beaucoup de places mais il nous reste encore 100 km à parcourir ! Nous sommes survoltés ! Durant les 50 km suivants nous enchaînons les difficultés avec hargne.
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Mon genou me tire de plus en plus. Puis c’est une brûlure qui s’intensifie à chaque coup de pédale. Mon tendon est en train de se consumer. Je ne peux plus appuyer sur ma jambe. Julien me pousse s’en rechigner. Il a connu la douleur invisible d’une tendinite sur La Cape Epic l’année dernière.

Les 50 derniers kilomètres sont un calvaire. J’essaie toutes les stratégies possibles pour pouvoir rallier l’arrivée : j’ étire les ishios, je verse de l’eau, je marche … en vain. Paradoxalement rouler en force à 30 tours/minute est le moyen qui me permet de pédaler quand même.
L’arrivée à Ladismith n’est pas un soulagement. Les ennuis continuent : j’ai beaucoup de mal à me déplacer. Ni la glace, ni le strapping ne m’apaisent. Après le dîner, je constate que ma tente a été visitée : mon portable et mon appareil photo ont été volés !! L’épuisement déclenche une crise de larmes que je ne peux contrôler. Je touche le fonds … Julien sait trouver les mots pour me consoler et me rassurer.
Demain est un autre jour…

(Suivez la troisième partie de ce carnet de voyage depuis le blog de Julien: Carnet de Voyage - Cape Epic 2007 - Partie 3 )

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