Québec Singletrack Expérience !

Récit d'aventure de Emmanuel Morel :

Déjà 6 années se sont écoulées depuis ma venue dans l'ouest Canadien pour la Trans Rockies, devenue depuis la Singletrack 6 et je cherchais un prétexte d' épreuves de VTT pour me rendre chez nos cousins outre Atlantiques: bingo , Francois Calletta, à la tête du groupe pentathlon basé à Quebec, lance la Quebec Singletrack Experience, QSE pour les intimes, une épreuve sur 7 jours, dont un prologue, qui se fait soit en équipe, soit en solitaire, la catégorie la plus représentée.

Basés proche du vieux Quebec, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, nous allons ainsi aller sur différents spots de VTT, vélo de montagne en québécois, le VTT étant pour eux ce que nous appelons le quad…il y a quelques mots comme cela qui n’ont pas la même signification des 2 cotés de l’Atlantique, et ça peut prêter à confusion...

Pour commencer, après une petite démonstration festive d'une petite délégation d'une communauté indienne locale, nous partons, les 72 vététistes accompagnés des esquads, mais aussi escortés de la police , en excursion au vieux Quebec. Exceptionnellement, nous sommes invités à pénétrer dans la fameuse citadelle, encore utilisée par une garnison de l'armée Canadienne, depuis laquelle nous avons une vue magnifique sur le château de Frontenac et le saint Laurent, le tout au coucher de soleil... On ne passe pas inaperçus avec nos maillots de la QSE sur le dos et les nombreux touristes se détournent à notre passage, façon stars.

Le lendemain matin, les choses sérieuses vont commencer par un prologue dans les Chemins du Moulin. C'est que la plupart des chemins sont tellement bichonnés qu'ils ont un petit nom. Pour un concurrent, ça s'est transformé en "ton moulin va trop fort": avec la multiplicité des carrefours dans ces singles de sous bois, avec de permanentes relances, des rochers à profusion, il a donc mouliné une heure supplémentaire. Les fermeurs partis à sa recherche ont ajouté à cette joyeuse recherche du graal : la ligne d'arrivée... Pour ma part, après avoir croisé un groupe en plein bois jouant un morceau de rock, j'obtiens une belle 5ieme place.

Lundi: Vallée Bras du nord à Saint Raymond: 1ère véritable étape avec 35 km
Très vite le peloton s'étire avant d'attaquer les premières ascensions: nos 2 hommes forts Greg Day aux couleurs Rocky Mountain et Aroussen Laflamme aux couleurs Trek, font le trou et il s'agit d'assurer le général. Alors à mon habitude j'assure le train pour le groupe de 3 poursuivants dans lequel je suis. Au grès des km, Gino, un local, bon descendeur avec son tout suspendu, prend l'avantage et fini par assurer quelques dizaines de secondes d'avance sur moi à l'arrivée tandis que l'un des 2 hommes forts, Greg Day , a fort affaire avec une chaîne brisée en de multiples endroits qui le contraint à faire les 7 derniers km en courant... dont toute une série de virages relevés… C’est que ces chemins sollicitent très fréquemment des changements de vitesse, qu'ils soient « old School » avec des cailloux et des racines, ou bien « new school » plus lisses, mais très travaillés au niveau du tracé avec de virage relevés, des passages sur des tronçons de passerelles en bois, des bosses simples, doubles et des tables.

Mardi: Mont saint Anne, 43 km
C’est un lieu mythique pour tout Vététiste tant cette montagne est associée depuis longue date aux coupes du monde VTT. C’est un peu un lieu de pèlerinage, et comble de chance, l’édition 2017 de la coupe du monde se tient le WE suivant, et nous obtiendrons le droit de finir sur le parcours de la coupe du monde XC, avec l’arrivée sous la fameuse arche… si ce n’est pas une belle récompense. D’ailleurs, au niveau des récompenses, on aura droit chaque jour à des surprises le long du parcours : ici un groupe qui joue du rock en plein bois, là une violoncelliste en bord de lac, trois danseuses dans une clairière, des gamins qui font vrombir des tronçonneuses (sans chaine) à notre passage façon coupe du monde de descente, on a même droit à un buffle aquatique pour le départ de la magnifique étape de Vallée bras du nord- Shannahan.

Après un départ neutralisé , nous commençons par un long single en sous bois avec de nombreux virages relevés. Si toute l’étape est ainsi, ça va être bien physique avec toutes ces relances, et il ne faut pas croire que la technique soit en reste: c’est une caractéristique de ce QSE : les chemins demandent une permanente concentration pour optimiser la trajectoire, que ce soit pour trouver la plus roulante parmi les cailloux, ou celle qui permet de se ménager au mieux. C’est ce qui fait que les chiffres de distance et de dénivelé ne sont pas vraiment parlants, d’ailleurs les différents GPS, strava et autres ne donnent pas les mêmes valeurs dans ces dédales de chemins parfois très noueux. On trouvera plus loin des chemins plus larges, ainsi que des portions de clairières (avec des panneaux nous invitant à lever le nez) qui nous donnent une magnifique vue sur la campagne environnante, le Saint Laurent et l’ile Saint Louis. Comme à chaque étape, une fraction du circuit est chronométrée en montée, tandis qu’une autre l’est en descente, mais les références ne sont pas les mêmes que celles auxquelles je suis habitué: il n’est pas rare de trouver des portions de montée dans une descente et réciproquement, le tout à la faveur de virage relevé. Toujours est-il que l’arrivée sous l’arche de la coupe du monde , certes encore réservée pour nous, est fort plaisante.

Mercredi: Valcartier , 25 km
Etape de transition, on nous prévient de ne pas prendre de caméra embarquée, ni d’appareil photo, mais de prévoir nos papiers d’identité dans notre musette d’arrivée: à partir du 17 sème kilomètre, on roulera exceptionnellement dans le secteur de la base militaire du 5ieme groupe brigade mécanisé du Canada. Ca ne nous empêche pas de partir depuis un très beau terrain de golf et de voir quelques militaires qui vont se positionner le long du circuit, armés… d’appareils photos et de beaux objectifs: encore une fois, les stars sont bien les Qé-bikers. On aura même droit à une parade d’hélio qui viendra nous saluer en rasant le magnifique petit lac servant de lieu d’arrivée. Retour sur l’étape: encore une fois une fraction initiale très noueuse avec le turbo mis par Greg et Aroussen, tandis que je « gère » derrière avec quelques compagnons de poursuite. D’ailleurs étant repéré comme bon rouleur et généreux en effort, Gino se blottira derrière moi pour les 8 derniers kilomètres de plat sur sol assez meuble, à la poursuite de Carl intercalé avec les 2 hommes de tête, avant d’arriver sur ce superbe petit lac au bord duquel on aura droit à un barbecue, des kayaks à disposition, et bien sûr la baignade de récupération.

Jeudi: Vallée bras du nord- Shannahan, 46 km
Sans conteste pour moi la plus belle étape du QSE, peut être par son profil globalement descendant, ou par ma prise de confiance en descente dans ces chemins québécois, mais surtout par ses magnifiques aménagements, notamment en bordure de rivière avec des structures bois pour passer sans encombre d’une dalle rocheuse à une autre, dont certaines ont été dynamitées pour rendre le possible le passage à vélo. Y-a-pas à dire, les Canadiens ont la science de l’aménagement de chemins tout en gardant un maximum d’aspect technique et ludique: si on peut raisonnablement se poser la question de savoir si ça passe à vélo, on se convainc que ça a été aménagé pour, et du coup c’est bon…sauf un petit raclage de dents du gros plateau, une chaussure qui se déclipse de temps à autre au contact des rochers environnants, et pour les moins aguérris, de petits bobos qui nous assurent qu’on roule sur de « vrais » chemins.
Durant cette étape quelques règles vont se rendre à l’évidence.
Règle n°1: la victoire n’est jamais acquise tant que la ligne n’est pas franchie. C’est l’amère expérience de Greg qui , dés les premiers km d’une ascension sérieuse au départ va voire sa roue libre hors d’usage et ses chances de podium s’effondrer.
Règle n°2: La mini pompe, ou les cartouches de CO2 ne servant quasiment plus jamais avec les pneus tubeless, elles sont récalcitrantes lorsque le besoin s’en fait sentir. Pour le coup, c’est moi qui en fait les frais lors d’un pincement sur une zone ou j’ai probablement manqué de vigilance: une bonne dizaine de minutes d’arrêt malgré l’aide d’un esquad…
Règle n°3: se méfier des jantes hautes par rapport aux éventuelles chambre à air de secours.Cette fois ci c’est Aroussen qui paie la douloureuse: 25 min perdues à batailler avec différentes chambres à air et pompes que les concurrents ont pu lui passer.
Avec de tels évènements, un gros chamboulement s’effectue au niveau des classements et mes chances de 3ième place sont sérieusement compromises…mais au moins le plaisir de cette étape prédomine tant cette étape était gavée de technique et de beaux points de vue. En même temps , on l’avait mérité puisqu’on avait changé nos bus tout comfort par des bus certes tout neuf et de fabrication locale, mais ces fameux bus jaunes scolaire typiques de l’Amérique du nord, avec certes ses capacités de franchissement sollicitées présentement, mais aux suspensions plutôt fermes…

Vendredi: Lac Beauport , 38 km
Après un départ traditionnel avec la même tête de 2 hommes, j’emmène comme d’habitude la poursuite sur les parties roulantes.La fatigue se fait probablement sentir et mes concurrents directs en profitent pour attaquer…et c’est là que je décroche et me démotive un peu…Et dans ces sous bois, impossible de connaitre les écarts, bon je mène ma course tout seul en cherchant à limiter la casse…Au moins l’arrivée fait face au lac Beauport et son centre d’entrainement de kayak et canoë de différentes disciplines, un club très réputé qui voit des licenciés de tous ages, et plus ou moins experts, dans le même esprit d’amélioration, de prise de plaisir et de compétition: un palmarès éloquent trône fièrement dans la salle commune..et l’hiver, c’est le patin à glace qui prend le relais.

Samedi: Lac delage, 19 km.
C’est déjà la der…chaque étape est baptisée par le nom d’un des sponsors du QSE. Le sponsor de l’étape du lac Delage est « la Boréale », une marque canadienne de bière avec le vent en poupe, c’est dire que s’il fallait une étape arrosée, ça devait bien être celle ci. C’est chose faite, après une semaine de course par beau soleil, quelques bons 20 mm d’eau sont tombés durant la nuit précédante et la tendance reste à une petite pluie fine, mais de bonne température, c’est que les conditions sont assez orageuses. Avec mes déboires de crevaison de jeudi, la mauvaise opération de la veille, la pluie fine, l’atmosphère d’une épreuve et de rencontres tendant vers la fin, le coeur n’y est pas trop. Aussi, je ne vais pas prendre de risques en descentes, ni trop m’arracher sur les autres portions, les dés sont plutôt joués d’autant plus que j’avais voulu conserver mes lunettes de soleil et elles vont très vite m’encombrer. Le parcours a été un peu modifié à la fois pour privilégier la sécurité et épargner des chemins tout neufs que l’on devait inaugurer..mais pas les détériorer, c’est que les chemins sont le fruit de travail acharné, qu’ils sont fièrement présentés au briefing de la veille au soir par leur « bichonneur en chef » et représentent tous des capitaux de développement de VTT pour les régions concernés. Canada Dry est-il sur les rangs en tant que sponsor pour la prochaine édition??? Et puis on se réserve La Boréale pour le podium…

Bilan final: 1er master 40, 5ième au général, 2ième meilleur grimpeur, de belles rencontres dans un esprit convivial entre des participantes et participants des 4 coins du Canada, des USA, mais aussi quelques représentant Suisses et Français, dans une belle région où les gens sont tranquilles et toujours prêts à aider, mais aussi orientés vers le sport et le coté récréatif.

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