Carnet de Voyage - Cape Epic 2007 - Partie 3

La troisième étape commence comme beaucoup d'autres, c'est-à-dire dans la poussière et de surcroît à 50 kilomètres. Notre équipe prend un départ rapide, nous sommes juste derrière les professionnels. Un départ peut-être trop rapide car je ne vois pas Virginie. Je décide de lever le pied pour la laisser me rejoindre. Alors que de nombreux paquets déboulent à toute allure, toujours pas de trace de Virginie. J'ai peur qu'elle ne soit tombée, crevée. Je décide de poser pied à terre et je fais demi-tour... Je croise mes amis lyonnais qui, abasourdis, me demandent ce que je fais. Je leur explique la situation et comprend qu'ils n'ont pas vu Virginie. Je décide alors de faire un contre-la-montre... pour la rejoindre. En effet, elle est devant ! Nous sommes à côté quand je décide de ralentir. Simplement, entre elle et moi, il y a un nuage de poussière. Dix bonnes minutes de perdues. Nous remontons les différents concurrents avec de bonnes sensations. Mais Virginie se met à voir mal au genou, elle a une tendinite. L'étape sera très longue et nous aurons perdu beaucoup de temps. Nous sommes déjà contents de finir. 6h45 sur le vélo, c'est long, surtout quand on a très mal. Pour l'avoir vécu l'an passé, je souligne le courage de ma coéquipière, tout simplement impressionnant. Je prend conscience que l'on ne forge pas un palmarès comme le sien sans avoir un mental de guerrière... La journée n'est pas mieux pour le clan français car Christain et Denis sont au bord de l'abandon et des délais. Les étapes doivent être accomplies en 10 heures maximum, car les équipes sont après mises hors course.


Le quatrième jour est aussi très difficile. Virginie prend un départ très douloureux. Quant à moi, vomissements et nausée sont venus s'ajouter à la déception. Nous voulions finir, simplement finir, loin d'objectif de podium, de victoire, le simple fait de franchir la ligne devait être un exploit. Nous nous sommes accrochés, les autres concurrents voyant Virginie pédaler sur une jambe nous conseillent d'abandonner. Ce sera hors de question. Nous nous battrons. Cette étape se finit dans la douleur mais mission accomplie. Direction le staff médical, des anti-inflammatoires ont été prescrits à Virginie. Je profite d'une accalmie de nausée pour bien manger. Après le passage quotidien chez les masseuses (30 minutes par jour suivi de 40 minutes d'électrosimulateur), nous contrôlons nos vélos. "Tu ne trouves pas que ma selle a bougé ?", me dit Virginie. "Oui, c'est pour cela que tu as mal au genou". L'explication est très simple, l'inclinaison de la selle a bougé. Lors d'une course de deux heures, la conséquence n'est pas très visible. Mais après cinq heures de VTT par jour, cela ne pardonne pas. "On verra demain avec un peu de chance, cela va marcher..."

Le lendemain, le genou est guéri. La selle, les anti-inflammatoires ont fait effet, l'équipe cadre_titane est en route. Pour la cinquième étape, il n'y a pas grand-chose à dire à part que la magie est arrivée sur la Cape Epic. Le genou de Virginie s'est réparé, la tendinite a disparu. Exceptionnel, extraordinaire ! La jambe, qui avait compensé pendant les deux derniers jours, était lourde. C'est en quelque sorte l'étape de transition. Limité par cette jambe fatiguée, l'ensemble de nos deux organismes en profite pour récupérer et préparer une fin de course dès plus magiques.

Sixième étape, ce sera celle qui nous fera prendre conscience que nous sommes dans le coup. Après un départ de 20 kilomètres sur le bitume, nous ressortons très bien placés. Les autres équipes ont pris des relais efficaces et nous ont rendu un bon coup de main. En effet, nous avons les maillots verts en point de mire. Nous sommes avec les leaders des mixtes ! Nous n'y croyons qu'à moitié mais on s'accroche, on s'accroche. Les jambes sont là, je l'avais dit dès le matin, j'aurai de bonnes jambes. Mes amis français me disaient de ne pas trop parler (hein, Denis ?) mais je savais que ce serait une bonne étape. La tendinite de Virginie passée, nous sommes au rendez-vous. Nous avions préparé une course à étapes et privilégié un entraînement foncier pour affronter la répétition. C'est au sixième jour que cela paie. Nous sommes au coude à coude avec les maillots verts puis nous apercevons une autre équipe mixte : Absa. Cette équipe, composée d'une fille avec qui Virginie a discuté et a trouvé charmante. Je n'en dirai pas autant de son coéquipier, qui profite du moindre instant pour empêcher de doubler, lancer un regard provocateur. Notre motivation en est décuplée car ce dernier a gagné la Cape Epic 2006 en Master et ses élans de joie à la limite du fair-play ne m'ont pas plu. C'est l'équipe à battre ! Et c'est chose faite après une étape exceptionnelle, celle où l'on ne sait pas pourquoi mais nous volions.

A 2 kilomètres de l'arrivée, nous sommes 2èmes avec deux minutes d'avance. Il ne reste que 2 kilomètres de goudron pour finir... et une descente de 30 mètres en pierre. Allégeant pourtant le vélo, je ne peux m'empêcher d'éclater mon pneu arrière et finir sur la jante. Quatrième, quelle déception ! J'ai du mal à digérer, c'est un sentiment encore inconnu dans ma jeune "petite carrière". Virginie, avec toute l'expérience acquise durant son parcours de haut niveau, prend la chose de manière plus "philosophique". Un peu comme si le sort s'acharnait sur nous car la tendinite de Virginie aussitôt disparue, c'est à mon tour d'avoir une inflammation du genou. La course au podium me l'a fait un peu oublier pendant la course mais à l'arrivée, c'est dur, dur. Le lendemain doit être la confirmation des sensations de la veille. C'est chose faite car une belle troisième place nous est offerte. Une étape où nous n'avons pas forcement eu l'impression d'être au top mais où nous avons fait bonne figure. Notons que l'arrivée sur la mer, où la traversée dans le sable avait des airs de Roc d'Azur, était splendide. Nous montons sur le podium devant 1200 personnes et nous sommes fiers. D'autant plus fiers que nous avons bien gérer les précédentes étapes car on avisait du jus. Mon genou me faisant trop souffrir, le médecin de la course m'infiltre le genou avec un anesthésiant. Ne voulant pas que je marche, j'ai droit aux béquilles. Je les pose bien sûr pour aller sur le podium. Je crois que nous sommes un peu sorti de la course.

Nous avons réussi un objectif. Le lendemain, il n'y a que 75 Kilomètres et ce sera une rando. Je ne prends pas la peine de remplir mon bidon le soir pour le lendemain, comme chaque étape. Je dirai que j'en garderai un goût amer. Mon anglais performant ne me permet pas de comprendre qu'alors que j'ai demandé de l'eau et que la personne refuse de m'en donner parce qu'il s'agit de l'eau de mer. Les premières gorgées sont surprenantes. Mais cela me fait bien rire aujourd'hui. Cette étape durera 4h30 alors que cela devait être la fête. Les 13 kilomètres supplémentaires et 400 mètres de dénivelé seront un peu de trop. Qu'à cela ne tienne, la Cape Epic est finie pour l'équipe cadre_titane, nous avons réussi cet ambitieux projet. Nous aurons beaucoup appris là-bas, nous nous sommes parfaitement entendus, ce qui est primordial dans une telle course. Pour ceux qui se lanceraient dans l'aventure, partez tous les jours en vous disant que la course est longue et que tout peu arriver, en bien ou en mal. La fable de La Fontaine du lièvre et de la tortue s'applique même en vélo.

Julien é

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